« Le modèle actuel de la gouvernance d’Internet est désuet »


Rashid Ismailov, ancien ministre adjoint des télécoms en Russie, a été, en septembre 2022, le candidat malheureux au poste de secrétaire général de l’Union internationale des télécoms (UIT), une agence des Nations unies, remporté par l’Américaine Doreen Bogdan-Martin. Il explique pourquoi il s’oppose à la gouvernance actuelle d’Internet… et défend la censure russe.

Etes-vous favorable au changement de gouvernance mondiale d’Internet vers le modèle tripartite souhaité par l’ONU ?

Je pense que les deux modèles sont d’ores et déjà désuets. Ni la gouvernance tripartite prônée par l’ONU [secteur privé, gouvernements et société civile, dont fait partie la communauté technique], ni le multipartisme de facto de l’Icann [société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet, où la technologie, souvent américaine, domine] ne fonctionnent. Parce que la principale préoccupation des Etats membres est la souveraineté. Ainsi, comme je l’ai exposé dans mon programme de candidat, le point essentiel est de définir le cadre juridique international où toutes les parties concernées auraient convenu des règles.

Dans votre programme de candidat, vous disiez que « les nouvelles technologies (Internet des objets, cloud, blockchain, intelligence artificielle et big data) changent fondamentalement les entreprises et les processus de gestion » : les protocoles Internet (IP, IPv6…) doivent-ils évoluer pour supporter tout cela ?

De toute évidence, les nouvelles technologies exigent de nouvelles normes. La 5G ou la 6G ont déjà atteint le plafond. Les protocoles Internet actuels ne supportent pas le rythme rapide des progrès technologiques. Il y aura donc de nouveaux protocoles pour relever les défis de la révolution numérique.

En fin de compte, les protocoles et les normes sont élaborés pour soutenir l’utilisation et la connectivité à l’échelle mondiale, et non pour la discrimination. La nouvelle approche devrait donc exclure toute discrimination des utilisateurs et des pays. En France, par exemple, le président Macron a proposé de limiter l’activité des réseaux sociaux pendant la crise nationale [les émeutes en France déclenchée par la mort du jeune Nahel M., à Nanterre, fin juin].

Facebook, Instagram ou encore X sont bloqués en Russie…

Certains sites Internet sont bloqués. D’autres ne le sont pas. Cela relève de la législation locale et de la souveraineté.

L’Internet russe utilise les noms de domaine de l’Icann et les protocoles IP et IPv6 normalisés par l’Internet Engineering Task Force (IETF), deux organisations basées aux Etats-Unis. Qu’en pensez-vous ?

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Catégorie article Politique

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